lundi 13 octobre 2025

TEXTE D'ATELIER D'ÉCRITURE — corps fragiles

La main porte la chute.
La pluie déjà loin sous le bitume, les feuilles mortes déjà en décomposition, les non-dits d’un mur en destruction, ce qu’on laisse derrière soi de l’heure du petit-déjeuner en famille, l’urgence toujours, l’inexactitude de la nuit.
Elle interrompt.
Interroge.

Le pied porte la naissance.
L’orchidée en train d’éclore, la rosée, le malaise d’un rêve, la bagarre sur la place du marché, le pas qui ne sera plus, ce qui fera l’histoire un jour pour toujours et combien de victimes dedans.
Il donne la permission.
Râcle les fonds.

La bouche porte ce qui erre dans l’entre-deux.
L’horizon, ce qu’il y a de fragile dans une amitié vieille de dix ans déjà, les veillées d’une solitude vieille de dix ans déjà elle aussi, l’odeur de l’herbe tondue, ce qu’il reste du brouhaha d’une manifestation une fois la ville vidée de la foule, ce qui s’échappe de l’enfance des fenêtres ouvertes.
Ça résiste.
À l’approche d’une forme de délire.

Texte écrit dans le cadre des ateliers d'écriture de François Bon.

2 commentaires:

  1. L’entre-deux est insaisissable et pourtant il se remplit de souvenirs. D’accents circonflexes et de points d’interrogation…

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